Les collections

Les arts décoratifs

Faïences, porcelaines et objets d'artisanat, emblématiques des marais salants de Guérande, sont très représentés dans le Musée des Marais Salants.

Faïences et porcelaines à décor de paludier

Le décor au Petit-Breton est apparu entre 1878 et 1883. Il est inspiré des lithographies d’Hippolyte Lalaisse, auteur des planches illustrées de la Galerie armoricaine ou des lithographies du Keepsake breton de Zoé Coste. Le décor a été développé à l’intention de la clientèle des bains de mer, de la Manche et de l’Atlantique. La fabrique de céramiques Porquier-Beau de Quimper est à l’origine des modèles. La maison Puibaraub-Person à Guérande a été l’une des premières du pays de Guérande à vendre des «  types du pays sur faïence [de] Quimper  » en même temps que d’authentiques «  vieux bijoux bretons  ». Le décor au Petit-Breton aurait été introduit à Malicorne à la suite d’un premier séjour de Léon Pouplard en Bretagne entre 1890 et 1891. À partir de 1895, Pouplard signe sa production de céramique bretonne : PBx ; Bx rappelant le nom de son épouse Marie-A. BéatrixEn 1897, la firme Porquier-Beau, dépositaire de la marque PB gagne un procès pour contrefaçon contre Léon Pouplard. Et ce dernier se voit contraint de détruire son stock ou du moins d’en gratter les signatures. Au Bourg-de-Batz, le magasin-bazar «  Aux Mariés de Batz  » appartenant à Pierre Papin, diffuse les faïences artistiques de la firme Pouplard. La clientèle y trouve des articles de plage, d’horlogerie, de la bijouterie, de la lunetterie en tous genres ainsi que des «  poupées à l’ancienne mode du Bourg-de-Batz  ». Des meubles régionaux miniatures proviennent de sa boutique. Exécutés au début du XXe siècle à Guérande ou au Pouliguen, ils servaient de réclame à la production des faïences de Malicorne. Léon Pouplard serait l’auteur de la vaisselle miniature.

Tout comme les faïenciers, les porcelainiers de Saxe et les boîtiers de Mauchline ont décliné les paludiers en empruntant aux illustrations des artistes-voyageurs de la première moitié du XIXe siècle. Les décors obtenus, en utilisant une technique de décalcomanie, ont aussi été puisés aux premières collections de photographies régionales en circulation dont celles de Trésorier et d’Émile Fürst.

Artisan d'objets en coquillages du Bourg-de-Batz

La production d’objets-souvenirs en coquillages sur le littoral guérandais, à Batz en particulier, plonge ses racines dans le XVIIe siècle et probablement dans le XVIIe siècle. L’artisanat est d’origine savante et semble s’être développé dans la foulée de l’ouverture d’un couvent d’Ursulines à Guérande dans les années 1640. Dès le milieu du XVIIIe siècle, on trouve trace de professionnelles "faiseuses de bouquets", puis à la fin du XVIIIe siècle, d’hommes “bouquetiers”. La production courante du XVIIIe siècle consiste en bouquets d’ornement pour les églises et chapelles. La production doit aussi comprendre des parures arborées par les hommes et les femmes sur les vêtements de cérémonies à l’occasion des mariages. Il est également possible que dès la fin du XVIIe siècle des figurines d’animaux aient été mises en circulation. Puis dans les premières décennies du XIXe siècle, les professionnels tirent parti du goût des citadins pour "l’exotisme de proximité", et étendent la gamme de leurs réalisations. Ils habillent des âmes de bois de la Forêt-Noire en s’inspirant des modes vestimentaires locales. Le succès de ces pièces est manifeste dès les années 1820 ainsi qu’en témoigne Édouard Richer en 1823 dans Voyage pittoresque dans le département de la Loire-Inférieure :

Les habitans de Batz imitent fort bien [leurs] costumes avec des coquillages dont ils habillent de petites poupées qu’ils vendent à Nantes et qui peuvent amuser, par la singularité de leur ajustement, des personnes plus graves que des enfans. Ils sont aussi très adroits à ces petits ouvrages et en font des bouquets nuancés agréablement de diverses couleurs, qui décorent les autels de leur église ; souvent, les coiffes des femmes sont entourées élégamment d'une couronne formée de ces jolis coquillages.

Les figurines destinées à voyager étaient placées dans des petits coffrets en bois fermés d’un panneau coulissant. Le seul exemplaire qui soit parvenu est annoté au crayon de la mention : «  À notre cher cousin, souvenir de notre passage au Bourg-de-Batz en septembre 1877.  » Les figurines représentant des paludiers seront fabriquées jusqu’au tournant des années 1880-1885. La production massive d’objets-souvenirs manufacturés commercialisés dans les bazars locaux entraînera la disparition de cet artisanat.